Introduction
L’exposition numérique Fenêtres sur cœurs vous présente l’aboutissement d’un travail pédagogique et artistique mené par l’artiste Claire Le Breton, en résidence entre 2017 et 2019, au lycée des Métiers du bois d’Envermeu et au lycée Schuman-Perret du Havre.
Inscrites dans un dispositif soutenu par la Direction régionale des affaires culturelles et la Région Normandie, en partenariat avec le Pays d’art et d’histoire Le Havre Seine Métropole et le musée de l’horlogerie de Saint-Nicolas-d’Aliermont, ces résidences de création avaient pour objectif de permettre à de jeunes lycéens de découvrir et de prendre part, dans la durée, à la démarche créative de l’artiste en vue d’ouvrir leur horizon culturel et de nourrir leur expérience professionnelle.
Durant trois ans, près de 200 élèves, épaulés par les équipes enseignantes, ont participé au processus créatif : maquettes, vues 3D, calcul, coffrage et coulage des pièces monumentales, scénographie, mobilier d’exposition… À l’issue de ce fructueux compagnonnage avec les lycées professionnels, les créations typographiques des élèves ont investi la Maison du patrimoine de mai à septembre 2019, engageant un dialogue inédit avec l’architecture du centre reconstruit par Auguste Perret après la seconde guerre mondiale.
(Re)découvrez les coulisses du projet à travers sa version numérique !
1. Claire Le Breton, une artiste bien entourée
Artiste-plasticienne installée au Havre depuis 2012, Claire Le Breton transforme, détourne, subvertit les objets et les espaces les plus ordinaires pour en faire les outils d’une lutte créative et ludique. Sensible aux questions du réemploi, à l’architecture et au paysage, elle travaille des matériaux fragiles et périssables (papier de soie, carton…) et expérimente les transformations qu’ils permettent en confectionnant des volumes aux dimensions variables.
Ses résidences au lycée des Métiers du bois d’Envermeu et au lycée Schuman-Perret du Havre l’ont conduite à se frotter pour la première fois au bois et au béton.
En fonction des projets, elle s’associe avec des créateurs d’horizons divers qui enrichissent sa démarche. Pour Fenêtres sur cœurs, elle a convié Bertrand Lacourt, ébéniste bûcheron et artisan d’art, et l’artiste multimédia Simon Leroux.
Bertrand Lacourt est intervenu auprès des élèves bûcherons du lycée du bois d’Envermeu afin de partager sa technique, unique en France, de création de mobilier taillé directement à la tronçonneuse dans des troncs d’arbres. Simon Leroux a, quant à lui, filmé le déroulement du projet et monté la vidéo avec les élèves de seconde du lycée du bois d’Envermeu.
" Claire Le Breton peut nous apprendre d’autres choses, d’autres manières de travailler… parce qu’elle a une manière de travailler qui n’est pas la même que la nôtre. Elle, c’est une artiste, donc au final, c’est plus libre on va dire. "
Julien
2.HappyFont
une typographie emballante
L’alphabet HappyFont a été imaginé par Franck Marry dans le cadre du projet Carton graphique initié par Claire Le Breton en 2016. Ce jeu typographique est conçu à partir de formes prélevées sur des cartons d’emballage alimentaire.
Exploitant toutes les ressources de ce matériau simple et abondant, Franck Marry a constitué une palette graphique à la lisière de la lettre, du signe et du pictogramme. Un alphabet singulier, à la fois ludique et contemporain, qui s’enrichit constamment des trouvailles quotidiennes.
Croisant leurs pratiques, Claire Le Breton et Franck Marry aboutissent à la création de plusieurs jeux graphiques et des sculptures typographiques en bois ou en béton présentés dans l’exposition Fenêtres sur cœurs de la Maison du patrimoine.
3. Des lycées professionnels grands ouverts sur la création
Durant le projet, Claire Le Breton a navigué entre les deux lycées professionnels. Au lycée des Métiers du bois, elle a découvert le monde forestier, celui de la scierie et de la construction bois. Au lycée Schuman-Perret, celui du bâti, du BTP et de l’ingénierie. Les deux établissements, dotés de grands ateliers d’apprentissage et d’outils spécifiques, l’ont incité à faire travailler, en parallèle, les lycéens sur le thème de la typographie HappyFont en tenant compte de leurs savoir-faire spécifiques.
En tout, plus d’une dizaine de classes ont participé à chacune des phases d’élaboration (maquettes, vues 3D, calcul et réalisation finale) des œuvres présentées à la Maison du patrimoine.
" Je n’ai pas l’art dans la peau. Mais cela m’a permis d’ouvrir les yeux sur des choses auxquelles je n’aurais pas pensé. "
Gautier
Témoignages
Témoignages
" Les élèves ont l’occasion d’essayer, de tester, et si ça ne marche pas, c’est pas bien grave (…) on change la formulation et puis on recommence, et ça c’est tout à fait enrichissant pour l’élève. "
Laurent Huppé
La résidence de création de Claire Le Breton s’est poursuivie jusqu’en 2022 et a donné lieu à d’autres réalisations à découvrir dans la publication :
Les classes concernées par le projet : 4èmes et 3èmes Découverte professionnelle, 2ndes Nature Jardins Paysage Forêt et Terminales Forêt
Lycée des Métiers du bois et de l’éco-construction d’Envermeu
Seul lycée en France qui forme sur les trois grandes filières des métiers du bois (forêt, scierie, construction), l’établissement d’Envermeu offre l’opportunité de découvrir tous les métiers du domaine, de la plantation à la construction en bois. La matière bois est donc au cœur des formations et des passions des jeunes qui y sont scolarisés. Cette identité marquée se double de la forte volonté de l’équipe pédagogique à soutenir des projets variés, engagés, ancrés dans le territoire et ouverts sur le monde. Les résidences d’artistes, menées dans le cadre des cours d’éducation socioculturelle de l’enseignement agricole, font partie de cette ouverture.
Le projet artistique conduit par Claire Le Breton a abouti à la réalisation de sculptures monoxyles avec l’ébéniste bûcheron Bertrand Lacourt. Les élèves bûcherons de la filière « Forêt » ont découvert sa technique de sculpture à la tronçonneuse. Se glissant dans la peau de sculpteurs, ils ont découvert une autre manière d’utiliser leur outil, ils ont improvisé des gestes et de nouvelles postures. Les enseignants techniques ont adapté leurs progressions en intégrant le projet.
Le “A” géant HappyFont en béton coulé au lycée Schuman-Perret et les monoxyles HappyFont sculptés en chêne ont été échangés par les établissements, ils font désormais partie intégrante du paysage quotidien des élèves.
* Les classes concernées par le projet : 2ndes et 1ères Technicien étude de bâtiment, 2ndes et 1ères Technicien Menuisier Agenceur, Terminales Organisation et réalisation du gros œuvre et les CAP, 1ères et Terminales Peintres applicateurs revêtement
Le lycée Schuman-Perret associe des formations professionnelles, technologiques et générales. Il a hérité de la tradition et de la culture des métiers de la construction et de l’architecture portées, dans la passé, par le lycée Perret.
Le partenariat démarré en 2017 avec Claire Le Breton a fait travailler les élèves sur une déclinaison en béton de la typographie. En introduction, les élèves ont découvert une cimenterie et visité, avec les guides-conférenciers du Pays d’art et d’histoire Le Havre Seine Métropole, le centre reconstruit du Havre pour explorer l’histoire du béton et observer son potentiel plastique. Après des étapes d’expérimentations et de conception de modèles réduits, deux premiers volumes en béton ont été coulés dans la cour du lycée, le premier reprenant le « X » et le second « l’étoile » de la typographie HappyFont.
Forts de cette expérience, les élèves ont conçu l’année suivante deux cœurs de très grand format. Avec le soutien des professeurs de TEB*, ils ont d’abord dessiné les plans d’un moule de coffrage. Le bois de coffrage a ensuite été débité en menuiserie par les élèves de première TMA*. Le montage du coffrage et du ferraillage a été réalisé dans les ateliers Génie civil par les terminales ORGO* avec l’aide du département Structures de l’entreprise Artelia dans le cadre d’un mécénat de compétence.
L’agrandissement des formes de départ a nécessité différents calculs effectués par les élèves afin d’établir le poids et la quantité de matériaux nécessaires. S’en est suivi le coulage du béton, en extérieur dans la cour des matériaux et à plat. Après le décoffrage, les coeurs étaient prêts à rejoindre la cour de l’îlot V40 !
4. Le patrimoine au cœur
Délicatement posées sur la pelouse de l’îlot V40, classé au titre des Monuments historiques depuis 2017, les sculptures de Claire Le Breton engagent un dialogue inédit avec le patrimoine du centre reconstruit du Havre. Grâce à leurs dimensions (3,12 m et 2,08 m), directement issues de la trame de 6,24 m retenue par Auguste Perret, elles épousent le rythme du paysage urbain.
Les différents tests qui ont présidé à la conception de ces pièces en béton rappellent, en outre, le caractère expérimental du chantier mené par Auguste Perret et son équipe et qui a valu au Havre son inscription sur la Liste du patrimoine mondial en 2005.
C’est au cours de sa résidence en lycée professionnel que la forme du cœur s’est imposée à l’artiste. Elle avait noté la popularité de ce symbole parmi les adolescents qui l’emploient abondamment sur les réseaux sociaux. Ces cœurs évoquent aussi la passion d’Auguste Perret pour le béton, l’attachement des Havrais à leur ville et l’investissement enthousiaste de tous les acteurs engagés dans ce projet.
Au centre de l’îlot, visibles depuis la rue, les cœurs HappyFont invitaient les passants à entrer dans la cour laissée volontairement ouverte par les copropriétaires. La proposition artistique, soutenue par la copropriété, rejoignait pleinement leur volonté et la mission du Pays d’art et d’histoire Le Havre Seine Métropole : protéger et valoriser l’architecture du centre reconstruit en vue d’améliorer sa connaissance et sa compréhension auprès du plus grand nombre.
" Ouvrir les portes du lycée, c’est s’ouvrir à des mondes… De toute façon, je pense que l’ouverture intellectuelle, la curiosité, l’ouverture culturelle, c’est la base du vivre ensemble. Il faut le défendre à tout prix ! "
Marion Quibel
5. L’exposition
Accompagnant l’installation dans la cour de l’îlot V41, une exposition était présentée en parallèle à la Maison du patrimoine pour retracer les différentes étapes du processus artistique, pédagogique et technique engagé dans les deux lycées autour de la déclinaison de la typographie HappyFont sur différents supports.
Il s’agissait de faire comprendre la démarche qui avait abouti à l’installation Fenêtres sur cœurs dans la cour de l’îlot mais aussi et surtout de sortir le projet de son cadre scolaire et de le donner à voir en centre-ville du Havre au plus grand nombre.
Ainsi, l’implantation des sculptures au cœur de l’îlot de l’Appartement témoin Perret, la présentation de l’exposition à la Maison du patrimoine de mai à septembre 2019 et son inscription dans la programmation du Pays d’art et d’histoire, des événements Une Saison graphique et Un Été au Havre ont fortement accru la visibilité du travail mené par Claire Le Breton et les lycéens.
Toutes ses opérations ont contribué à la fierté des élèves et au large rayonnement du projet auprès de publics diversifiés. Elles ont également incité visiteurs et habitants à porter un autre regard sur le patrimoine du centre reconstruit, matière vivante et inspirante pour les artistes et les jeunes !
" La plus belle des réussites réside dans ces rencontres. Elles permettent de réaliser ce partenariat : rencontre entre un établissement et un acteur culturel de l’éco-système havrais ; rencontre entre Claire Le Breton et les enseignants pour établir une démarche de co-formation ; et surtout rencontre entre des élèves et la création, source d’épanouissement personnel, de renforcement de confiance en soi et d’ouverture du champ des possibles."
Éric Ruault
6. Remerciements
Cette ambitieuse démarche collaborative et participative n’aurait pu aboutir sans l’implication des élèves et les nombreux partenaires engagés sur ce projet :
les proviseurs des établissements scolaires, les équipes éducatives et tout particulièrement les enseignants-coordinateurs (Marion Quibel au lycée du bois et Benjamin Giraud au lycée Schuman-Perret), les habitants des îlots V40 et V41, le bureau d’étude Artelia, la Ville du Havre, la communauté urbaine Le Havre Seine Métropole, la DRAC Normandie, le Département de la Seine-Maritime et la Région Normandie.
Qu’ils en soient ici chaleureusement remerciés !
Mise en ligne
Simon Leroux et Claire Le Breton
pour l minuscule
Pays d’art et d’histoire Le Havre Seine Métropole
janvier 2023
Interview PING-PONG !
Entre Claire Le Breton et Franck Marry
Claire Le Breton : Franck, tu es originaire du Havre, peux-tu nous décrire ton parcours et ta spécialité ?
Franck Marry : J’ai fait mes études à l’école d’art du Havre, en design et arts, pour ne pas me limiter aux applications strictes du design. Très vite, je suis parti du Havre pour Paris où j’ai travaillé dans des ateliers en filiation avec Grapus, puis à Nantes et à Saint-Brieuc où j’étais indépendant.
CLB : La ville du Havre a-t-elle une influence sur ton travail ?
FM : La ville directement non, mais les gens que j’y ai rencontrés oui, comme des professeurs et des étudiants à l’école d’art. Je trouve la ville magnifique, elle est de l’ordre du sublime, de ce qui vous dépasse. J’apprécie la ville pour son rapport à la limite, à la frontière. Nous sommes au bout du monde. Intellectuellement et spirituellement, on peut se projeter grâce à cette étendue d’eau. Dans une ville complètement urbaine, votre oeil finit toujours par s’écraser sur un mur.
CLB : Mes études se résument à quatre ans d’arts appliqués à Quimper puis cinq ans aux Beaux-Arts de Rennes en option Art-sculpture. Puis, j’ai fait une formation complémentaire aux Arts Décoratifs de Strasbourg, au Centre de formation de plasticien intervenant. Je suis arrivée au Havre il y a sept ans, en 2012.
FM : Et toi, ton parcours ? Ton arrivée au Havre ?
CLB : Énormément. Immédiatement, j’ai eu de l’appétit pour cette curieuse ville. J’ai l’impression d’être sous l’influence de cette ville.
FM : Est-ce que l’identité de la ville a une influence sur ton travail ?
CLB : J’aime bien penser l’implication physique du spectateur, en tout cas un rapport au corps, même pour un petit objet. Un volume, une sculpture ou une installation sont à vivre, ils sont conçus pour tourner autour, ils invitent à l’exploration.
FM : Peux-tu nous parler du rapport à l’échelle dans ton travail ?
CLB : Tu as une manière très personnelle de penser la typographie. Quelles sont tes sources d’inspiration ?
FM : Il y a quinze ans, en école d’art, la typographie avait une place particulière. On ne possédait pas les mêmes outils techniques et informatiques qu’aujourd’hui. On abordait le graphisme de manière plus artisanale. Heureusement que David Carson et John Maeda (graphiste et enseignant chercheur au MIT) sont arrivés avec des formes programmées. On pouvait faire autre chose que des découpages de photographies. Le travail de Rudy Venderlans a été inspirant par son rapport poétique au paysage et Emigre Graphics, la fonderie typographique numérique indépendante des années 90. Leurs créations étaient manipulées, travaillées, usées dans des auto-productions : « Ce qui m’intéresse dans une police est qu’elle ne soit pas parfaite. Une police qui reflète plus le langage imparfait d’un monde imparfait habité par des êtres imparfaits » Studio Emigre Graphics.
CLB : C’est quoi pour toi une bonne typographie ?
FM : Une bonne typographie est plastique. Il suffit d’approcher l’oeil pour y déceler la qualité des formes, voir comment elles se répondent pour créer une unité, une cohérence et donner une particularité à chacune des lettres et optimiser leur propre lecture. La clef pour dessiner une suite de caractères est de commencer par la lettre h, car tout y est. Vous faites naître le n, le m, puis le u, le p, le r, la lettre a, le b, selon Erik Spiekermann, fondateur du caractère Méta qui fut longtemps utilisé par la revue de design graphique de référence Etapes avant son relooking.
CLB : Peux-tu nous rappeler comment est né HappyFont ?
FM : C’est une rencontre entre deux personnes, deux regards, deux sensibilités sur des formes plastiques. C’est parti d’un petit bout de carton tout simple. Dans une de tes installations conçues à partir de carton d’emballage, j’ai vu des lettres. Tu m’as invité à creuser cette idée. J’ai prélevé de la matière, retiré ce qui était en trop, nous en avons parlé puis nous avons élaboré un premier jeu de tampons ensemble.
CLB: HappyFont est-elle une bonne typographie ?
FM : Je ne peux pas dire le contraire ! C’est une super typographie. Elle est expressive. Elle va à la rencontre de celui qui la regarde. Elle ne respecte pas les règles. Pour un puriste rien ne va, mais c’est ce qui la rend intéressante à mes yeux.
CLB : Tu aimes bien faire des typographies un peu punk ?
FM : Toutes les typographies que j’ai créées le sont. Elles ont des utilisations restreintes mais à chaque fois elles se moquent des usages pour se donner plus de liberté. Je pense à la démarche du studio allemand Vier5 qui nourrit sa créativité en s’affranchissant de toutes les règles.
CLB : Tu crées souvent des typographies massives, dotées d’un fort impact visuel.
FM : J’aime bien que la lettre, la forme fasse signe. Qu’elle appelle le regard. Quand on fait des affiches, on interpelle un passant situé à plusieurs mètres. C’est dans ce premier temps de lecture que tout se joue. Après on rentre dans la finesse, le détail, on peut se permettre d’être plus intime, de chuchoter à l’oreille. Les graphistes M/M (Paris) constituent ma référence principale en ce domaine, ils ont travaillé notamment avec Björk. Ils possèdent un côté très raffiné, subtil. Ils ont une élégance dans leur dynamique punk. Pour moi ce sont les graphistes de l’ultime parce qu’ils ont un pied dans le monde de l’art et du design. En typographie pure, je suis fan de House Industrie parce qu’ils s’inspirent du travail de designers et d’architectes. Le Eames est un travail incroyable, tout comme le Neutra, élaboré à partir des travaux de l’architecte Richard Neutra.
CLB : La typographie HappyFont fait penser à certains caractères typographiques en bois. Est-ce une source d’inspiration ?
FM : La gravure de caractères sur bois a fortement inspiré la sélection des formes, c’est un médium avec lequel je me sens proche. Surtout dans son rapport à la matière et au noir. Le noir est très présent dans mon travail. L’impression de la lettre en bois, contrairement au plomb, va laisser place à l’imperfection, à la matière, aux accidents. C’est toujours quelque chose qui a été fascinant pour moi. C’est important que les tampons Happyfont reproduisent un peu cet effet-là. Comme le disait Georges Didi-Huberman, le noir pousse à la rencontre car il en révèle son contenu…
CLB : Atteinte du syndrome de la mise en volume, il m’est apparu évident dans le contexte des résidences de création dans des lycées d’apprentissage, liés au monde du bâti et de la scierie, de traduire HappyFont en version compacte, lourde et brute. Pour ne pas dénaturer le caractère massif de la typographie. D’habitude, je réalise, dans un grand calme, des objets plutôt fragiles, légers et blancs. Là, c’est tout l’inverse. Du bruit, de l’agitation, des machines, du poids, de multiples ateliers, une variété d’outils, divers vocabulaires, des formes d’organisation variées. J’apprends beaucoup de cette expérience qui me plonge dans un tout autre univers.
FM : Tu renforces la matérialité d’HappyFont en déclinant la typographie en bois massif et en béton.